La rentrée d’automne rime toujours avec communication des nouveaux prix des primes d’assurances-maladie. Chaque année selon la LAMal, toutes les caisses maladie doivent annoncer leurs changements de prix durant cette période pour permettre aux abonnés de résilier leur contrat jusqu’à la fin du mois de novembre.
Nous rappelons dans cet article les fondamentaux du libre choix de l’assurance-maladie obligatoire et rendons nos lecteurs attentifs sur les aspects à ne pas négliger lorsque vous comparez les prix de ces nouvelles primes. Historiquement en Suisse, la Loi sur l’Assurance Maladie (LAMal) prévoit que chaque citoyen doit obligatoirement être assuré contre les risques de maladies et d’accidents, et ce depuis le 1er janvier 1996.
Pourquoi les prix des primes varient ?
L’assurance maladie obligatoire (ou assurance de base) doit être souscrite par les citoyens auprès d’une des nombreuses caisses d’assurance-maladie. À ce jour, il existe 56 assureurs admis par l’Office Fédéral de la Santé publique. Ces assureurs sont tous sans exception des sociétés privées : à la différence de l’assurance accidents, l’assurance maladie n’est pas centralisée dans une caisse dépendant de l’Etat.
Ce point fait notamment l’objet de débats récurrents et de nombreuses initiatives ont déjà été soumises et votées pour l’instauration d’une caisse publique unique ou pour des caisses cantonales proposant des prix communs.
Vers une uniformisation des prix des primes d’assurances-maladie ?
Ce projet, si beau sur papier et qui ravirait bien des ménages suisses, sonnerait bien la fin des (trop) grandes différences de prix entre les différentes caisses et les cantons de résidence.
Mais elle mettrait également terriblement à mal le système basé sur la libre concurrence entre les caisses maladie. Système jugé arbitraire pour certains, car ne prenant pas en compte les revenus des assurés, ou trop profitable puisque des personnes en parfaite santé finissent par payer des montants astronomiques par rapport à leurs réels besoins en termes de prestations médicales.
Une alternative à ce projet de caisse unique consiste depuis plusieurs années à réclamer toujours davantage de transparence de la part des caisses sur leur comptabilité et sur la séparation des comptes entre assurance obligatoire et assurances complémentaires. Mais c’est une autre histoire ! To be continued…
Des différences de prix entre les cantons de résidence
Car bien que les prestations remboursées par l’assurance-maladie de base soient identiques pour chaque caisse, tous les citoyens suisses ne paient pas les mêmes montants de primes. Le prix varie notamment en fonction de la caisse maladie, nous l’avons vu, mais aussi de l’âge, du canton ou de la commune de résidence (résider dans une grande ville coûte plus cher qu’habiter à la campagne par exemple). Le montant de la franchise choisi par l’assuré a également un impact sur sa facture de prime.
Tout dépend donc des notions d’anticipation et de risques pour l’assuré : s’il pense devoir faire face à des coûts de santé élevés durant l’année à venir, il a la possibilité de baisser sa franchise au minimum pour que la caisse rembourse la plus grande partie de ses frais.
À l’inverse, une franchise élevée jusqu’à 2’500.00 chf permet de nettement diminuer la prime à payer, mais nécessite une réserve de fonds suffisante pour assumer ladite franchise ainsi que sa quote part en cas de frais médicaux surprise…
Faire des économies… mais pas à n’importe quel prix !
Le premier réflexe de beaucoup de personnes lors des annonces des nouveaux prix ? Se ruer sur un comparateur en ligne pour dénicher l’assurance de base la moins chère du marché. Et souscrire un nouveau contrat et résilier le contrat actuel dans la foulée.
Attention néanmoins : si des économies importantes peuvent être réalisées, il convient de bien se renseigner au préalable. Notamment sur les différents modèles de l’assurance de base ainsi que sur les restrictions et obligations imposées par les assureurs qui nous intéressent. L’argument financier ne doit pas être l’unique levier qui nous pousse à changer d’assurance.
Prenez également en compte le fait qu’il est possible de réaliser des économies sensiblement importantes simplement en ajustant les prestations de vos assurances complémentaires. Pour cela, anticipez toutes vos dépenses fixes et variables pour l’année à venir et calculez la différence entre le coût total pour chaque dépense et le remboursement promis par l’assurance.
Vous remarquerez rapidement que certaines prestations ne sont finalement pas rentables pour vous. Ou encore que le montant économisé est très moindre comparé à d’autres dépenses qui sont peut être, elles, superflues.
Méfiez-vous des comparateurs en ligne…
Lorsque vous comparez les prix des nouvelles primes d’assurances chez les différentes caisses maladies, privilégiez le comparateur en ligne du site www.priminfo.ch . Ce calculateur a été développé en 2011 par le Département fédéral de l’intérieur pour permettre aux citoyens de s’informer sur les changements de prix chaque année.
Réputé neutre et totalement transparent, Priminfo fait office de calculateur officiel. En effet, sur les autres nombreux sites qui proposent de comparer les tarifs des assurances, les données personnelles sont souvent enregistrées et les soumissions de formulaire sont ensuite filtrées selon les données socio-professionnelles des internautes.
Ce système empêche parfois volontairement les assurés de prendre connaissance d’une offre plus avantageuse pour eux suivant le ‘risque’ qu’ils représentent pour les assureurs.
Être au clair avec les délais et conditions de résiliation
Les prix des nouvelles primes d’assurances maladie sont habituellement communiqués courant octobre et effectifs dès le 1er janvier de l’année suivante. Tous les assureurs ont l’obligation de communiquer ces nouveaux prix à leurs assurés afin de permettre à ces derniers de disposer de suffisamment de temps pour modifier ou résilier leurs contrats.
Le délai pour changer son assurance obligatoire est fixé au 30 novembre pour toutes les caisses. Attention, c’est la date de réception qui fait foi et non la date du cachet de la Poste, il est donc préférable de faire parvenir sa lettre de résiliation par courrier recommandé.
L’assurance de base étant obligatoire pour tous les citoyens suisses, il est nécessaire de joindre une preuve de souscription à un nouveau contrat d’assurance chez une autre caisse maladie lorsque l’on envoie la lettre de résiliation. Ainsi, les caisses s’assurent de ne pas laisser partir leurs anciens assurés sans un contrat d’assurance valable.
Et pour changer d’assurance complémentaire ?
Attention cependant si vous souhaitez changer d’assurances complémentaires : toutes les caisses ne proposent pas les mêmes prestations, ni aux mêmes prix ni aux mêmes conditions… Avant de modifier ou résilier tous vos contrats d’assurance auprès d’une caisse, vérifiez bien la disponibilité de ces prestations chez votre nouvel assureur.
En effet, les assureurs n’ont pas l’obligation d’accepter les demandes d’affiliation pour les assurances complémentaires car ils ont la possibilité de décider si le nouvel adhérent représente un trop gros risque financier. Pour cela, ils se basent sur une déclaration signée du demandeur ainsi que sur son historique de santé et ses précédentes demandes de remboursement.
Se tenir informé des modifications de lois
Une nouvelle loi entrera en vigueur le 1er janvier 2022, qui prévoit globalement de faciliter les conditions de résiliation de contrats pour les assurés. Cette loi sur la révision des contrats d’assurance comprend plusieurs modifications importantes :
- Les assurés pourront bénéficier d’un délai de deux semaines pour annuler la souscription d’une nouvelle assurance (mais pas pour des modifications importantes de leur police);
- Les contrats conclus pour plusieurs années pourront être résiliés au bout de trois ans;
- La caisse maladie n’aura pas la possibilité de résilier les assurances complémentaires pour les assurés.
Cette modification de la loi prévoit aussi de s’adapter davantage aux nouveaux usages, notamment en matière d’accessibilité et d’échanges par les voies numériques. En cas de manque d’informations ou d’informations erronées, tant les caisses maladies que les assurés auront la possibilité de résilier online le contrat dans un délai de quatre semaines.